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Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

20 févr. 2017

Sur les traces d'Eric Doizeau

                              


Sur les traces d'Eric Doizeau, piolets jusqu'à la garde dans une traversée d'anthologie
L'ouverture de cette variante majeure, grimpée entièrement en libre et en tête par Doizeau nous émeut..

Première fois au sommet des Droites pour Pierre Sancier et moi...
Pour Seb qui prend la photo c'est une fois de plus!
Une longue descente nous attend pour rejoindre la rimaye, 1 kilomètre plus bas.. ché!



Les Droites!


Deux créneaux de beau sans vent sont annoncés, sur deux semaines consécutives... Avec un peu de mauvaise foi on pourrait presque être tenté de se dire qu'il fait quand même un peu trop chaud pour grimper en Face Nord...
Mais on va essayer de s'abstenir!
C'est donc ventre à terre que nous filons, par ce grand beau temps, dans les Droites avec Seb et Pierre.
PS : A noter sur le compte de Pierre, ce sera sa première Face Nord!!


La rimaye des Droites, un matin de canicule annoncée...
On dirait pas qu'il fasse si chaud finalement non?!


Après une approche tranquille, nous fixons la rimaye avec le Capitaine. Pendant ce temps Seb nous façonne un petit havre de paix 4 étoiles en installant la tente et en préparant le bivouac. Une manière comme une autre de nous souhaiter une bonne Saint Valentin en ce 14 Février... Nous aussi les hommes avons besoin d'un peu d'attention en cette journée si particulière...




Quelques petits spins et la chute d'un bouchon de neige dans notre auvent ponctuent la fin de soirée. Au dessus les Droites se dressent, bien imposantes... Demain sera un autre jour. Heureusement!


Pierre, absorbé par l'assurage qu'il me promulgue, en profite pour regarder vers le bas les belles ligne de fuite que nous venons de grimper.

C'est finalement à l'heure où certains dégustent (à juste titre d'ailleurs...), un Banania savoureux, que nous nous présentons au pied du bastion. 8 heures du matin passées, mais la section verticale (très raide et très dure comme certains seraient tentés de la décrire) ne présente que 200 mètres de hauteur. Et ce sera largement suffisant pour nos petits bras!
Pour Pierre, la mise "sur le pied" semble prendre. Pas chétif, l'homme s'en sort à merveille dans ce dédale de dièdres, de dalles (justement) et de fermetures multiples du bras. Ce n'est qu'en regardant les photos, à posteriori, que je me rendrai compte de son air quelque peu distrait à l'assurage...


Une première longueur... Majeure! 60 mètres et droit dans l'axe. J'ai beau être une quiche en orientation, je me suis même pas perdu


"Des conditions pas faciles!" Chris Dumarest lui même n'aurait pas dit mieux. Et pourtant il ne s'agit pas ici d'enchaînement royal ni même de traversée pastorale... Pas de pygmalion ni de recherche intemporelle. On va déjà commencer par brasser, puis par zipper et en enfin on se permettra ... de déneiger! Si possible sans faire trop de "peine"...



La "peine"... un état d'esprit tant de fois exprimé... Mêlant à VOLO dégradation du Moi et effort immense, la reptation verticale à l'état pur. C'est bien de cela qu'il s'agit, une heure et demi par longueur et c'est ça qui est bon.





Il convient de noter que lorsque que le créneau de beau temps arrive, Pierre Labbre doit normalement s'en remettre à ses obligations de Grand Guide. C'est... comment dire?.. Normal! Sa vie se définissant par une opposition nette et totale entre ses disponibilités et les créneaux météo, il convient donc qu'il loupe ces quelques journées de beau temps hivernal. "Un enfer!!" selon ses dires. C'est donc avec une pensée émue pour lui que nous gravissons les longueurs mythiques que proposent la voie Rheml Vimal à nos lames affutées.
(Pardonnez les références et auteurs cités ici mais on a les maîtres qu'on mérite...
On est un peu loin de Spinoza et René Char mais Dumarest et Pierre Labbre ne sont ils pas les philosophes injustement ignorés de notre temps?)



"C'est pas le quartier qui me quitte..."




Afin de sublimer la sensation d'isolement et pour que la notion d'engagement alpynistyque prenne tout son sens dans cette face nord incontournable, je nous ai proposé (de force) d'apporter un peu d'ambiance musicale. C'est donc, telle la caille-ra des Droites que j'ai imposé à mes compagnons une play list de 5 morceaux tournant en boucle sur le téléphone en haut parleur.
Entre autres pour Seb, dans L4, très raide et austère du bastion, c'est donc BOOBA lui même qui déclarait, à bloc dans le Crosscall "C'est pas la quartier qui me quitte. C'est moi ch'quitte le quartier"
Desmaison lui même avait parait il ses standards musicaux décalés...



En tous cas "le quartier ne quitte pas Seb" qui parvient à grimper, malgré la fatigue, les dernières longueurs en libre.




Nous terminons au sommet des Droites (oui tout en haut, pas d'antécime chez nous Monsieur Maynadier!) à la tombée de la nuit, coincés entre le sentiment inexprimable à l'écrit du plaisir de la grimpe achevé et de l'angoisse de la descente à commencer!
Bien à vous



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